Atlas, nébuleuses du Sphinx
Un projet choral et transdisciplinaire
de Suzan Vachon, artiste-commissaire
Du 28 janvier au 28 avril 2024
MAC LAU / Suzan Vachon / Vidéographe
Performances de Maude Bertrand
Le dimanche 7 avril 2024
Ïsmail Bahri, Frederique Beaupré-Decoste, Nicolas Bernier, Maude Bertrand, Marie-Claude Bouthillier, Jacynthe Carrier, Isaiah Ceccarelli, Sébastien Cliche, Martin Désilets, Mélanie Dumas, Vincent Lussier, Daniel Olson, Natacha Nisic, Alex Pouliot, Francois Rioux, Suzan Vachon, Florence Viau
Une image n’est jamais plus intéressante que quand elle est dialectique et dialectise quelque chose comme le plus intime de nos viscères et le plus lointain du ciel.
G Didi-Huberman, Écorces, 2011
En 2019, Le MAC LAU amorça une conversation avec Suzan Vachon autour d’une recherche quiallait soulever une réflexion sur la profondeur miroitante des images. Aujourd’hui, elle présenteun montage d’œuvres physiques et reproduites, assidûment sélectionnées. Puisant dans lamémoire des rencontres et des recherches qui ont défilé au fil de plus de trente années decarrière, Suzan Vachon constelle une histoire de l’art intime et hospitalière adressée aux visiteurs, tout comme aux artistes convoqués à cette réunion.
Praticienne intéressée par la voix de l’autre, l’archive sonore, visuelle et la notion de document, enseignante en arts visuels et médiatiques, Suzan Vachon a dédié une grande partie de sa vie à la recherche d’images d’artistes, de cinéastes, de danseurs, d’écrivains, de musiciens, jusqu’à en être habitée, parfois même hantée par leurs recherches. Ces images, elle les a invitées dans sa pratique, discutées dans ses salles de classe, pliées, dépliées, collectionnées. De ce répertoire accumulé au fil d’une vie de recherche sur l’image, apparait une constellation hétérogène de références d’où émane une histoire informée, spécifique, orientée, dont on dégage une forme collective de savoir.
Les figures d’Atlas et Sphinx choisies par Suzan Vachon pour nommer le travail de mise en communauté auquel elle nous convie reposent sur un important héritage. Gardien de la ville de Thèbes, le Sphinx adresse à Œdipe une énigme, telle une figure rhétorique qui exige pour qu’on lui réponde un regard oblique sur le montage des mots qui nous est présenté. Figure du chaos,de l’obscurité, le Sphinx symbolise ainsi l’apparition de la clarté à celui ou celle qui sortira spontanément de la noirceur par la figuration d’une réponse devenue évidente, puisque décortiquée par cette méthode d'analyse ouverte au sens et au contre-sens.
Condamné par Zeus à porter pour l’éternité la voûte céleste sur ses épaules, Atlas agit pour sa part comme l’intermédiaire entre le monde sensible et celui des idées. Il est aujourd’hui le nom que l’on donne à ces ouvrages constitués de planches où cohabitent des images que l’on traverse librement et par saut, « une forme visuelle du savoir », dans les mots de Georges Didi-Huberman lorsqu’il introduit son livre Atlas ou le gai savoir inquiet (2011). Suivant la forme de cette exposition mise en scène par Suzan Vachon, on ne peut faire autrement que d’invoquer à notre tour le projet de bibliothèque de l’historien d’art allemand Aby Warburg (1866-1929) dont le classement par problèmes relève d’une rigoureuse association libre. Plus spécifiquement, son projet inachevé de connaissances par les images, l’Atlas Mnémosyne, résonne avec la construction des nébuleuses façonnées par Suzan Vachon. L’atlas de Warburg est constitué de juxtaposition de centaines d’images disposées sur soixante-dix-neuf planches thématiques où apparait notamment le concept de « formule de pathos », c’est-à-dire l’idée d’une survivance de motifs à travers l’anachronisme du temps et des espaces. Articulé comme des montages d’images, reliées les unes aux autres, cette articulation de la connaissance mise en mouvement par croisements d’images, de la Première Guerre mondiale et de la Renaissance pour Warburg, force à l’apparition, dans l’intervalle et entre ces dernières, de quelque chose comme une énigme qui révèle la survivance antique et la dislocation du monde.
Atlas, nébuleuses du Sphinx de Suzan Vachon se décline en cinq constellations adressant chacune une question qui, comme le Sphinx, invite à plonger dans les profondeurs de la recherche oblique pour espérer trouver des réponses. La recherche et l’étonnement comme positions cruciales permettent le saisissement sensible de l’état des choses. L’atlas de Suzan Vachon, comme celui de Warburg, configure l’état intérieur d’une quête de la beauté comme de l’effroi qui transige par « l’art de la composition » tel que le nomme Jean-Luc Godard en parlant du montage cinématographique. L’invitation amicale, voire amoureuse, qu’elle nous adresse est empreinte d’un immense désir de reconnaître ceux et celles qui fabriquent des images, ceux et celles qui les discutent, donnant à voir par la rhétorique de l’énigme les sens et les contre-sens de son époque.
Jonathan Demers
Directeur général / chef de la conservation
Musée d'art contemporain des Laurentides
Artistes dont une œuvre est présentée dans les nébuleuses
Ismaïl Bahri
Émilie Baillargeon
Lorna Bauer
Frédérique Beaupré Decoste
Mathieu Beauséjour
Maude Bertrand
Kara Blake
Marie-Claude Bouthillier
C
Jacynthe Carrier
François Carignan
Julien Champagne
Sébastien Cliche
Clément Cogitore
Maxime Corbeil-Perron
D
Gabrielle Dagenais
Étienne de Massy
Patrice Duhamel
Frédérique Beaupré Decoste
Documentation Céline Duval
E
Rachel Echenberg
G
Patrick Galipeau
Raymond Gervais
Groupe Épopée
H
Philippe Hamelin
Estelle Hanania
Nelson Henricks
Bettina Hoffman
Mike Hoolboom
L
Manon Labrecque
Alexia Laferté Coutu
Alexandra Leykauf
Micah Lexier
Vincent Lussier
M
Christof Migone
Frédéric Moffet
N
Natacha Nisic
O
Daniel Olson
P
Karine Payette
Alex Pouliot
S
Alessandro Sciarroni
Bogdan Smith
Beth Stuart
T
Élène Tremblay
V
Suzan Vachon
Anouk Verviers
Z
Leila Zelli